En peignant mon père, je peins mon origine, mon passé, je me peins moi-même.
En peignant mon père, je peins l’image de l’absent pour le garder présent et adoucir son absence. Mon père continue ainsi à exister à travers ma peinture.

J’aurais aimé passer plus de temps à ses côtés. Profiter davantage de ces précieux instants dont la valeur m’apparaît d’autant plus dans la distance de l’exil et la douleur de l’absence. L’absence a un pouvoir d’évocation que Marcel Proust résume parfaitement quand il écrit « l’absence n’est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences? »

Éloignés, chacun de nous a vécu des choses différentes mais un langage commun nous est resté, un langage qui dépasse les distances et la nature de nos expériences. C’est la force de ce lien que je perpétue en peignant mon père, plaçant mon miroir devant le sien pour que nous puissions nous voir à l’infini.

Mehran Zirak