J’avais 24 ans quand j’ai quitté l’Iran pour m’installer en France. L’état d’étranger a crée une distance avec le nouveau paysage culturel qui m’entourait. Tout était à revoir car ma petite expérience sortie de son contexte n’avait pas de correspondance avec cette nouvelle réalité. Il est donc devenu nécessaire d’aiguiser mon sens de l’observation.
Mon principal outil de création est alors devenu un outil de survie et m’a fait développer une véritable conscience de la vision et aiguisé mon attention. La peinture est devenue peu à peu pour moi le moyen de toucher une réalité universelle.
On trouve dans ma thématique des sujets en apparence très hétéroclites : épouvantails, autoportraits, personnes reflétées dans l’eau, personnes étendues dans un hamac, chien allongé, bulbe d’ail, personnes déambulant sur des échasses, portraits de mon père à la fin de sa vie, portraits divers.
Tous ces sujets sont pourtant marqués par une même volonté d’alléger la pesanteur pour finalement tendre vers l’apaisement. A chaque fois il s’agit de saisir un moment éphémère, de suspendre le flux du temps dans une composition affirmée et franche. Ainsi les choses les plus ordinaires se libèrent de leurs attaches terrestres pour prendre place dans un ordre harmonieux et paisible.
La toile est le miroir de ma perception mais aussi une interface entre le peintre et le spectateur qui est invité à partager la démarche contemplative pour appréhender le visible sous un autre angle.
Mehran ZIRAK